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Comment Ryan Murphy se met les scénaristes à dos.

Ryan Murphy, à l’origine scénariste, suscite la controverse en poursuivant la production d’American Horror Story malgré la grève des scénaristes.

La scène à l’extérieur des studios Silvercup devient familière. Les membres de la Writers Guild (Guild des scénaristes), de SAG-AFTRA (des acteurs et autres professionnels des médias) sont postés devant la porte.

Mais cette fois, ils sont là pour Ryan Murphy, créateur des séries Glee, Nip/Tuck, American Horror Story, ou encore Monstre : L’histoire de Jeffrey Dahmer, qui continue la production de la 12ème saison d’American Horror Story malgré les efforts de la Writers Guild of America East pour ralentir ou stopper le tournage.

Cela soulève des questions sur le comportement et la loyauté de Murphy, lui-même scénariste, envers ses collègues. Alors que la grève des écrivains entre dans sa dixième semaine, American Horror Story est l’une des 4 séries encore en production sur la côte Est. A vrai dire, et selon un rapport, 3 des 4 séries encore en production sont des séries de Ryan Murphy : American Horror Story, le spinoff American Horror Stories, et American Sports Story.

Au fil des semaines, les équipes de grève de la WGA ont réussi à arrêter plusieurs productions, mais les séries de Ryan Murphy résistent envers et contre tout, pour ne pas dire tous.

T Cooper, capitaine de grève du WGAE et ancien producteur exécutif de la série à succès de NBC, The Blacklist, exprime sa frustration, ici rapporté par Deadline. « Nous avons arrêté un grand nombre de séries, et c’est pourquoi vous nous voyez ici aujourd’hui », déclare-t-il. « Nous sommes présents sur l’un des rares tournages qui se poursuivent encore, et cela nous dérange. Nous resterons ici aussi longtemps qu’il le faudra pour obtenir un contrat équitable qui reconnaît notre travail. »

POURQUOI CELA DÉRANGE?

On peut penser que les grévistes exagèrent, que la série, si elle n’est pas écriture, devrait avoir le droit d’être en production, et ainsi que Ryan Murphy ne fait rien de mal.

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Alors pourquoi le producteur est-il en train de se mettre les scénaristes à dos?

Il faut répondre à cette question en trois temps.

1.Les règles de la grève.

D’abord, il est essentiel de comprendre les règles de la grève.

Aucun scénariste n’a le droit d’écrire pour une production, ou de vendre un scénario pendant la grève. La WGA refuse catégoriquement tout nouveau scénariste qui aurait vendu / écrit pour une production pendant la grève. Elle est également en droit de blacklister un de ses adhérents s’il travaille pendant la grève.

Elle protège ainsi ses membres pour ne pas qu’ils perdent leur travail au profit d’un non gréviste.

Ryan Murphy et Sarah Paulson lors de la cérémonie de l’étoile sur le Walk of Fame du producteur. Crédits : Kathy Hutchins / shutterstock. com

Prenons un exemple : un jeune scénariste n’est pas encore membre de la WGA. Il est appelé par une production et accepte d’écrire pour eux pendant la grève. Ce scénariste sera blacklisté par la WGA, qui est essentielle à tout scénariste voulant travailler aux USA.

Idem pour un scénariste qui arriverait à vendre un film. Si des rendez-vous et des contacts peuvent être pris, aucun contrat ne doit être signé pendant la période de la grève.

2. Le cas Stranger Things.

Vous le savez peut-être, la saison 5 de Stranger Things a été mise en pause alors que les scripts sont écrits et que la série s’apprêtait à tourner. On est donc dans le même cas de figure que pour la saison 12 d’American Horror Story.

Pourtant ce ne sont pas les grévistes, mais les frères Duffer, créateurs et showrunners de la série Netflix, qui ont décidé de respecter la grève et donc de retarder l’entrée en production de la saison 5 de Stranger Things.

« Ici les Duffers. L’écriture ne s’arrête pas quand commence le tournage. Si nous sommes heureux à l’idée d’entamer la production avec notre incroyable casting et nos équipes, il n’est pas possible de le faire pendant cette grève. Nous espérons qu’un accord équitable sera bientôt conclu afin que nous puissions tous retourner au travail », écrivaient-ils dans un tweet.

Twitter / Stranger Writers.

Le message des frères Duffer, qui comme Ryan Murphy sont également scénaristes, est donc clair. Rien n’est possible sans un scénariste. Ils respectent leur travail et ainsi se rangent du côté de la grève.

3. Pourquoi la grève?

Comme nous vous le rapportions plus en longueur dans l’article Grève des scénaristes : voici les réponses aux questions que vous pouvez vous poser, les scénaristes et la WGA demandent une meilleure rémunération. Si les scénaristes sont assez souvent l’âme et le coeur d’un projet, ils restent payés au lance-pierre et ont, pour certains, beaucoup de mal à terminer leurs mois, et ce, malgré les millions que les séries peuvent rapporter aux studios.

Ryan Murphy et Naomi Watts à la première New-Yorkaise de The Watcher. Crédits : Roy Rochlin/Getty Images for Netflix)

Moins important mais tout de même en jeux, l’intelligence artificielle. Les scénaristes demandent notamment la mise en place de garde -fous afin de protéger le métier des débordements de ce nouvel outil. Par exemple, ne plus payer de scénaristes et demander à l’intelligence artificielle de faire tout le travail.

Les scénaristes en grève souhaitent que les tournages d’émissions comme American Horror Story s’arrêtent rapidement, car cela assècherait la liste de contenu des studios et les forceraient donc à reprendre les négociations.

Revenons à Ryan Murphy.

Avec tout cela en tête, il est plus simple de comprendre la colère des scénaristes contre Ryan Murphy.

Tout comme les frères Duffer, il avait le pouvoir d’envoyer un message fort plateforme de streaming, aux chaînes de télévision et aux studios, car, comme eux, il est à la tête de l’une des séries les plus attendues. Les studios seraient donc bien plus enclins à l’écouter que le showrunner d’une série avec moins de succès.

Cette situation met donc en évidence le paradoxe de Ryan Murphy, scénariste lui-même, qui semble ne pas soutenir ses pairs dans leur lutte pour de meilleures conditions de travail. Alors que les scénaristes en grève ont fait des sacrifices pour participer à la manifestation, l’absence de soutien de Murphy suscite des interrogations sur son influence en tant que créateur.

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De plus, les tensions ne se limitent pas qu’aux piquets de grève. Des désaccords ont éclaté entre Murphy et Warren Leight, ancien capitaine de grève du WGA East. Leight avait affirmé que certains membres de l’équipe de tournage d’American Horror Story risquaient d’être blacklistés s’ils rejoignaient le piquet de grève. Murphy a répondu via ses avocats qui ont contesté ces accusations et ont demandé des excuses de la part de Leight, qui a finalement retiré ses allégations et présenté des excuses, et a été destitué de ses fonctions de leader de grève.

IL A LE DROIT DE TOURNER, MAIS…

En tant que réalisateur et producteur, Murphy est autorisé par la WGA à travailler sur un tournage pendant la grève, même si c’est mal vu.

Mais, en tant que scénariste, il n’a pas le droit de modifier ne serait-ce qu’une scène sur papier. Le comité de conformité aux règles de grève de la WGA compte bien enquêter sur d’éventuelles violations.

Si Murphy a enfreint les règles de grève en tant que scénariste, il pourrait être suspendu ou exclu de l’adhésion, être soumis à des amendes financières ou être censuré.

(Crédits images mises en avant : Featureflash Photo Agency – Shutterstock.com/ Monkey Butler Images)
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